mercredi 13 mai 2015

Santé Numérique

Tribune:

Agnès Morel (Thrombinoscope):
Quelle révolution fait espérer le  le numérique dans l’organisation territoriale du parcours de soin et la lutte contre les déserts médicaux ? Agnès Morel Trombinoscope

Madeleine Ngombet - Bitoo:
Cette révolution liée aux innovations technologiques et aux nouveaux usages  a d’ores et déjà des conséquences sur la santé publique et son coût. A l’évidence, la e-santé constitue une solution pour palier les difficultés de notre système de soins confronté à de nouveaux défis : le vieillissement de la population, l’explosion des maladies chroniques, l’accroissement des dépenses et l’évolution de la démographie médicale. Concrètement sur nos territoires et notamment dans les Régions rurales, les progrès du numérique à travers la télémédecine, les portails numériques, le suivi à distance des maladies chroniques
offrent de nouvelles perspectives moins coûteuses et meilleures en termes de qualité de soins. 
Je pense par exemple à Cardiauvergneau programme de téléradiographie sur les hôpitaux de proximité en Poitou-Charentes … 

Cette révolution n’aurait pas eu lieu sans les Régions même si elles ne communiquent pas assez sur ce qu’elles font en matière de santé numérique. Cela s’explique peut être parce que la santé n’est pas directement une de leurs compétences  (même si elles ont la responsabilité des formations sanitaires et sociales). Pourtant, elles agissent. En amont, pour le financement des infrastructures du haut et très haut débitLe désenclavement numérique, indispensable à l’attractivité des territoires, renvoie à la vocation d’aménageur de la Région.

De même, les Régions, en charge du développement économique, apportent leur soutien à la filière numérique. Elles aident les start up, la recherche, l’innovation : creuset des progrès scientifiques et technologiques.

Pour l’Etat, la Région est aussi  le territoire pertinent pour mettre en réseau tous les acteurs de l’éco-système du soin numérique. Les projets retenus dans le cadre de « Territoire de soins numérique »   du Programme d’Investissements d’Avenir en témoignent. Ces services et technologies les plus innovants en  matière d’e-santé recoupent les stratégies régionales économiques là où la filière numérique constitue une priorité. 

Le numérique est un outil, mais il ne règle pas tous les problèmes d’accès aux soinsIl doit être au service des projets régionaux de santéLa lutte contre les déserts médicaux (zones rurales ou zones urbaines sensibles) passe aussi par le soutien aux maisons de santé pluridisciplinaires, par l’établissement de liens avec les universités, l’offre de stages pour les étudiants en médecine générale, le logementl’évolution du mode d’exercice des professionnels de santé. Hélas, les incitations ne sauraient suffire. Tant qu’il n’y aura pas de volonté politique nationale pour réguler « la médecine de ville », les inégalités territoriales s’accroitront. Certains tabous devront être levés…

Enfin en tant qu’élue et citoyenne, je ne peux éluder le revers de la médaille de ces progrès : on entre dans une société de l’information très intrusive. Cette médico-surveillance apporte des bénéfices pour la santé publique. Elle responsabilise les personnes. Mais elle comporte des risques de dépendance à l’égard des opérateurs de ces systèmes (des opérateurs téléphoniques aux assurances en passant par l’industrie pharmaceutique) au détriment de la relation patient-médecin et d’un de ses fondements : le secret médical. Le législateur doit là aussi intervenir pour protéger la confidentialité des données et son instrumentation mercantile.

Madeleine Ngombet- Bitoo
VP Poitou Charentes
Présidente de la Commission Santé de l'ARF

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